"Notre Dame" était avant "Notre Mère"

"Notre Dame" était avant "Notre Mère"

"Notre Dame", je préfère l'appeler "Notre Mère", comme on l'appelait à l'époque de l'Europe indigène et en particulier dans ce qu'on appelle aujourd'hui la France, nom qui vient des Francs, originaire des Tribus germaniques et qui furent les premières à se convertir au christianisme, raison pour laquelle ce nom fut imposé.

Les Gaulois, les Belges, les Celtes, les Aquitanes et une série de peuples vivaient dans ce pays et ses environs, jusqu'à l'actuelle Allemagne. Tous parlaient leurs propres langues millénaires et avaient leurs propres divinités, qui en tout cas étaient très similaires dans leur essence, car elles et tous les peuples de la Terre entretenaient depuis des milliers d'années une relation intime avec ce qui les entourait et qui a permis la vie, et aujourd'hui cela s'appelle la nature. Cette idée n'existait pas à cette époque, et pire encore le nom, parce que l'être humain autochtone sentait une partie de l'ensemble et ne s'était pas séparé de ce qui donne la vie, la source mère de la création. Et la spiritualité était la reconnaissance de la force de vie dans chaque être de l'existence. Tout était dieu et déesse, comme tout était important pour l'existence de la vie. Le divin était cette énergie qui rendait possible l'existence de la vie elle-même.

Il n'y a aucune trace de guerres sanglantes dans ce que l'on appelle maintenant l'Europe occidentale, il y a 2 500 ans et jusqu'à une époque plus ancienne. De nombreuses figures ont été trouvées, la plupart liées au féminin, ce qui signifie qu'il y avait une forte affirmation et reconnaissance du féminin en tant que source de vie. Il existe d'innombrables représentations de la divinité féminine, par exemple, Danu ou Dana, également appelée Anu ou Ana, la mère de Dagda, et qu'elles symbolisent toutes la déesse mère ou énergie qui donne la vie. Un autre est Briga, considéré comme le dernier descendant de la Grande Déesse. Aussi connu sous le nom de Brigid, Brigantia, qui était la maîtresse du feu. Une divinité féminine, ancienne et puissante dans le monde celtique ; et qu'elle était aussi la déesse ou la force de la guérison, des arts et de la poésie. La déesse Isis d'origine égyptienne s'est étendue à plusieurs endroits et a été honorée dans une grande partie de l'Europe d'aujourd'hui et dans une partie de l'Asie.

Mais tout changea il y a depuis 2500 ans, quand les premières invasions des conquérants romains de souche patriarcale eurent lieu, jusqu'à ce qu'elles finissent par s'imposer et prendre le contrôle de toute cette région. Le latin impose sa langue, à partir de laquelle les langues latines que nous connaissons aujourd'hui vont émerger. Et évidemment, les langues autochtones disparaissent, sauf le Basque, et il n'existe aujourd'hui que certains noms de lieux et anthroponymies. Le mot Paris vient des Celtes qui ont fondé la ville de Parisi ou Parisii où leur peuple s'appelait ainsi. Il y en a d'autres qui font référence à Par Isis, ce qui serait lié à cette autre expression féminine de la déesse mère venant d'Égypte, ainsi qu'à la philosophie de son origine, et non à celle des Grecs, comme on le croit, les Grecs eux-mêmes le disant. Une partie du berceau de ce qui est aujourd'hui l'Occident ne vient pas de Grèce ou de Rome, mais d'Égypte, pays d'Afrique noire et brune.

Et évidemment, les Romains imposent également leurs dieux et déesses, principalement ceux de sexe masculins, parmi lesquels Jupiter, qui se superposera à la déesse mère celtique. Et puis les Romains, déjà christianisés, vont imposer la Déesse Vierge qui donnera son origine au culte catholique qui se terminera à la célèbre Notre Dame, la mère de Jésus. Elle n'est plus la mère de tous, la divinité qui était dans cet endroit depuis des centaines d'années, mais la mère du fils-dieu, d'un homme et blanc, bien que non blond, parce qu'à cette époque les Romains considéraient les blondes comme les sauvages qui constituaient la majorité des Européens du Nord, leurs grands ennemis, qui ont réussi à leur résister, contrairement à l'Europe du Sud qui a fini par être dominée. Maintenant, ils présentent Jésus comme blond et avec des yeux clairs, quand il aurait dû être brun, avec des cheveux noirs et des yeux marrons comme la plupart des peuples méditerranéens.

Les Européens des-Celtisés et des-Gauloisés, se sont avérés être romanisés, et finalement christianisés lorsque les empereurs romains ont tué leurs anciens dieux et déesses, pour adopter le christianisme. Donc, jusqu'à aujourd'hui la majorité des Européens ne s'en souviennent pas et très peu s'intéressent à leurs traditions autochtones. Pour cette raison, les descendants des conquérants romains et romanisés, qui représentent aujourd'hui les riches, et le droit européen, revendiquent la philosophie grecque, le droit romain et l'humanisme chrétien comme fondements de la civilisation européenne. Et pour tout ce qui est indigène ou propre, ils le prennent comme un passé sauvage et barbare, ce qui, en d'autres termes, signifie ignorer ses racines millénaires. Comme en Amérique latine, où les Espagnols, anciens Ibères et Celtes, se sont également romanisés et christianisés, avant de procéder de la même façon avec les Amérindiens. Et après 500 ans, les peuples autochtones, leurs divinités et leurs langues ont presque disparu. Si les Européens étaient des-Celtisés et des-Gauloisés, les Amérindiens étaient des des-Quechuasés, des-Aimarasés, etc.

C'est symbolique, l'incendie de l'église catholique de la place Notre Dame où vivaient les déesses celtes, parmi lesquelles Brigidit la déesse du feu. Au même moment, la mosquée musulmane d'Al-Aqsa à Jérusalem, une autre religion monothéiste et patriarcale, a également été incendiée, dans un État à majorité juive. Qu'est ce que ça signifie?

Pour beaucoup, le désastre à Notre Dame a été triste, mais je préfère le voir de façon positive, ce qui coïncide avec cette renaissance du féminin dans le monde entier, cette volonté de mettre fin à 2500 ans de patriarcat et de machisme. Si vous regardez les flammes sur la photo ci-jointe, vous verrez un visage de femme au centre de la flamme ; et dans toute la flamme une figure féminine. Espérons qu'il s'agisse de la mort symbolique du patriarcat et de la renaissance de la déesse mère, de sorte que l'Occident cesse d'être orphelin et reprenne son pouvoir féminin pour ainsi construire un autre monde.

Mais dans le même temps, c'est gênant pour les autres. En quelques heures à peine, des millions d'euros ont été collectés pour sa reconstruction, alors que les pauvres de la France revendiquent de meilleures conditions, alors que les forêts du Mexique ont été incendiées il y a quelques jours, alors que la pauvreté en Afrique est pillée par les invasions de la monarchie française. C'est une insulte à la vie. D'autre part, la structure qui supportait le toit était formée de 1 300 poutres, chacune d'elles provenant d'un arbre différent. Il a donc été estimé que, pour sa construction, il était nécessaire de couper au moins 21 hectares de forêt. Pour cela, il était connu comme "la forêt". Nous nous demandons: vont-ils détruire à nouveau la nature? Quelle honte.

Atawallpa Oviedo Freire
Écrivain franc équatorien